Venise, la mort et le jour de la malchance
Nov 2, 2016histoire, vie quotidienne0 commentaires
si le cher défunt tombe dans un canal?
A Venise tout est accompli d’une manière différente et spéciale, même les funérailles, et les corbillards sont naturellement des bateaux.
Quand autrefois, après la cérémonie funèbre, on transportait le cercueil jusqu’à la gondole, il y avait un moment critique, celui du passage entre la berge et le bateau : une vague, un imprévu, et voilà que le cher défunt finissait dans le canal!
Maintenant on n’utilise plus les gondoles, mais des bateaux à moteur, équipés d’une plaque mobile, qui non seulement s’élève (pour maintenir le cercueil en position horizontale au moment du passage), mais pivote vers la berge (un bateau n’est pas stable) pour permettre un passage confortable et sans danger.
Presque 40 ans que je vis à Venise, mais je dois remercier mon goût pour le côté comique des événements, si j’ai appris bien des choses sur le sujet.

Madame Paluello, Monument à Giuseppe Paluello (Annibale De Lotto, 1921, marbre de Carrare et pierre)
Le 17 est un nombre de malchance en Italie, surtout quand il est uni au jour de vendredi. L’année passée le 17 avril tombait un vendredi, et ce fut justement pour ce jour malchanceux, que je reçus l’une des demandes les plus bizarres de ma carrière de guide de Venise. Un groupe de 41 entrepreneurs funèbres me demandait la visite guidée du cimetière de Venise!
Aurais-je pu refuser? La voix de la raison, la voix de mon expérience professionnelle dressa soudain devant moi le mur des difficultés: ils ne voulaient pas une visite culturelle et artistique de l’ile de Saint Michel avec sa ravissante église du XVème siècle; ils n’étaient pas intéressés au changement du rapport à la mort en Europe entre XVIII et XIX siècles, et à la conséquente expulsion des cimetières du centre des villes; et la ravissante (à mes yeux) histoire de l’évolution des monuments funéraires? Non, ils voulaient le présent! Eh, bien, le présent du cimetière de Venise est très intéressant: simplement, il n’y a plus de place, on doit l’élargir; il y a eu un concours international, remporté par l’architecte anglais David Chipperfield, et j’aurais été ravie d’en parler: j’aime l’architecture et l’art contemporaine, mon regard sur Venise cherche toujours les transformations, les changements de mentalités, que l’on peut si souvent comprendre à travers l’architecture. Je leur proposais une visite entre passé et présent, entre la merveilleuse église des SS. Giovanni e Paolo, panthéon des doges de Venise, et le cimetière moderne.

Ezra Povnd
Non, ils voulaient visiter le four crématoire et rencontrer un entrepreneur funèbre vénitien, pour se confronter avec un collègue.
La voix de la raison me disait de leur répondre que, malheureusement, j’étais déjà occupée; oui, mais… C’était le vendredi 17, et cette coïncidence absurde fut pour moi la voix des sirènes: irrésistible.
Quatre heures de visite m’ont couté des dizaines de courriels pour organiser les rendez-vous avec les techniciens du four crématoire et pour trouver un entrepreneur funèbre vénitien disponible à cette rencontre. Et que dire des soirées passées à étudier le vocabulaire technique concernant les enterrements/crémations?
Quand la journée est enfin arrivée, j’étais épuisée: la nuit entière à me retourner dans mon lit, avec tous ces mots étranges, mots que je ne connais même pas en italien, qui se carambolaient dans ma tête…
A la fin de la journée, j’étais enthousiaste: une visite véritablement hors des sentiers battus… Pour moi aussi!

Tombeau de Sonia Kaliensky dans le cimetière de San Michele à Venise
Maria Colombo
BestVeniceGuides.it
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